Des lettres à Dieu, la Bible n'en connaît pas, bien qu'elle abonde
en genres littéraires. Et pourtant ces lettres-ci retrouvent et
relancent les interrogations de certains psaumes, les cris de Job,
la passion des prophètes… Ces lettres ne viennent d'ailleurs pas
que de la tradition biblique mais des multiples horizons de
croyance, non-croyance ou mal-croyance. Elles disent, de manière
très personnelle, ce qu'un coeur peut ressentir par rapport au
divin. Cent lettres donc du monde au créateur… Les auteurs forment
comme une grande nuée de témoins, même s'ils déclinent les noms de
Dieu dans des sens et des langages très variés. C'est dire que le
lecteur est gâté. Comme Dieu, il est invité à lire un courrier
parti de tous les coins du monde; il reçoit une «lettre
babélienne». Et il n'est pas contraint à suivre un ordre. Pas de
sens obligatoire mais la possibilité de circuler, de s'arrêter sur
une des lettres ou une phrase; elles peuvent être pour lui buisson
ardent, cri de révolte ou forage d'un doute plus profond.
«Dieu nous paraissait trop silencieux, il fallait l'interpeller»,
dit René Guitton dans la préface. C'est chose faite. - H. Thomas
osb