Connu surtout comme juriste, mais auteur de nombreux traités dans
divers domaines, le penseur égyptien musulman al-Qarâfî (1228-1285)
entreprit de réfuter la Lettre à un ami
musulman dans laquelle Paul d'Antioche, au début
duxiiie s. (?), invoquait le texte coranique pour
défendre les positions chrétiennes. Prise de Bagdad par les
Mongols, persistance de contingents croisés au Proche-Orient,
restauration de l'orthodoxie sunnite en Égypte : l'actualité
mouvementée pouvait inspirer la rédaction d'ouvrages qui renforcent
le prestige de l'islam. L'A. des Splendides réponses aux
questions insolentes de Paul d'Antioche se situe
cependant pour l'essentiel sur le terrain doctrinal : histoire
et nature de la révélation divine et du ministère prophétique,
attributs de Dieu, déformations chrétiennes du message du prophète
Jésus, prédiction de la venue du prophète Mohammed (paradoxalement,
alors que la Bible des chrétiens n'est pas reconnue comme message
authentique, al-Qarâfî ne cite pas moins de 51 passages bibliques
censés annoncer le dernier des prophètes), péché et salut… Le ton
est polémique et, comme il est fréquent, l'argumentation semble
destinée à conforter les convictions des coreligionnaires plutôt
qu'à emporter l'adhésion d'hypothétiques lecteurs provenant de
l'autre communauté. Il n'est d'ailleurs pas rare que, sous la
polémique interreligieuse, affleurent des débats internes à l'une
ou l'autre communauté.
Dans l'introd. et la concl. de cet ouvrage érudit, l'A., chargé
d'enseignement aupisai (Institut pontifical d'études arabes et
islamiques), souligne cependant la pertinence de cette littérature
de controverse, de ses thèmes et de ses arguments, pour les
relations islamo-chrétiennes aujourd'hui, en particulier au plan
doctrinal. Est-ce cette perspective plus large qui a inspiré la
curieuse mention de la Méditerranée dans le titre ? -
J. Scheuer s.j.