Les éditeurs de cet ouvrage de fond sont parmi les meilleurs
connaisseurs de la question ecclésiologique cruciale des paroisses
et du ministère. Il s'agit bien, comme le montre M. Pelchat
d'entrée de jeu, de faire Église en modernité. Les contributions
substantielles des coéditeurs viennent ensuite, au sujet du
remodelage paroissial et de ses enjeux (A. Borras), des figures,
modèles et représentations de la paroisse (G. Routhier). Puis la
vie liturgique de la paroisse remodelée est investiguée (G.
Baillargeon), avant que ne soit proposé l'exemple du diocèse
canadien de Rimouski (Cl. Pigeon). L'objectif final est d'inventer
des lieux pour proposer l'Évangile et rassembler les croyants (G.
Routhier). Ainsi, la paroisse apparaît comme le plus stable des
pôles de sociabilité dans l'Église (à côté des mouvements laïcs et
des institutions propres à la vie consacrée, 30); qui fera le deuil
du quadrillage strict imposé par le Concile de Trente (90) en
parlera en termes d'«Église locale paroissiale» (58) où s'inculture
l'Évangile en un lieu (67); peut-être va-t-on vers la perspective
«une ville, une paroisse», même si c'est à plusieurs clochers ou
communautés locales (107). Des temps typiques de cette évolution
sont proposés (114) qui aboutissent à terme à la création d'une
nouvelle paroisse (117), d'une cinquantaine de foyers adultes dans
la foi chrétienne (124), où se trouve rétabli le lien entre
ecclesia, eucharistia et dies dominica (131). La
pastorale ne sera donc plus celle de l'encadrement des fidèles, «le
concept de communauté étant étranger au Nouveau Testament» (225);
elle ne suivra pas non plus le modèle du service (religieux) public
(233), ni celui de la cellule missionnaire (238); la paroisse est
d'abord assemblée qui assume l'ensemble de la vie chrétienne pour
les divers modèles qu'elle «croise» (244). Un livre courageux, qui
fourmille d'hypothèses, de critiques, de notes et propose «un autre
vision de la place et du rôle de l'Église dans la société» (392). À
étudier de près. - Hausman, S.C.M.