Paul Tillich (1886-1965) fait partie des grands théologiens
luthériens du XXe s. Privé d'enseignement par les nazis en 1933, il
émigra aux USA. Il voulait une théologie en prise sur la vie
courante en montrant que la religion est la substance de la
culture. Professeur de morale, S. Bianchetti écrit que Tillich
tenta une nouvelle apologétique plus moderne. Il crut découvrir une
solution nouvelle au problème entre Dieu et l'homme. En réaction
contre le libéralisme protestant dans lequel il avait été formé, il
construisit une théologie sur l'acceptation stricte du principe
luthérien de la justification par la seule foi sans les oeuvres,
réaffirmant ainsi la transcendance divine et sa totale initiative
salvifique. Par là-même il vouait pratiquement à l'échec sa
tentative de théologie de la culture, qui ne pouvait aboutir qu'à
des ouvertures possibles sur la transcendance. Il admettait
cependant que le protestantisme aurait eu besoin de «la substance
catholique», mais sans aller plus loin. Il ne comprit pas
pleinement le mystère de l'incarnation, qu'il déclarait «privé de
sens» ou «simple combinaison de mots», et il suspectait de
monophysisme la théologie catholique. Pour lui, l'humanité du
Christ est pure médiation de la réconciliation divine. Jamais il
n'a perçu le vrai rapport entre immanence et transcendance. Dans sa
théologie de la culture, tout demeure profane, autonome mais
orienté vers une fin très floue. Le principe protestant indiscuté a
empêché tout progrès. Partisan d'un «socialisme chrétien», Tillich
se voyait comme «l'homme des frontières» et il a réussi de fait à
intéresser un grand nombre de contemporains adversaires de
positions fermes, mais, à cause de son «principe protestant », il
ne leur offrait que des positions vagues. Bonne petite
bibliographie thématique avec la liste des oeuvres de Tillich.
Ouvrage court, clair et bon. - B. Clarot, S.J.