Plus est en l'homme. Le personnalisme vécu comme humanisme radical

V. Triest
L'A., fonctionnaire au ministère des finances de Bruxelles, juriste, se passionne pour le personnalisme qui affronte, à ses yeux, les tensions que nos cultures occidentales ont laissé se développer en elles. Le personnalisme est essentiellement un humanisme; il a aussi quelque chose à dire dans le monde proprement économique. Les deux premiers chapitres de l'ouvrage entament une critique 'déconstructive' de notre société. Le ch. 2 s'attache particulièrement aux traits les plus marquants de la modernité, où se conjoignent l'individualisme le plus sec et la raison la plus abstraite, le tout s'alliant dans la puissance symbolique mais neutre de l'argent. Les ch. 3 à 5 entreprennent ensuite une oeuvre de reconstruction; ils renvoient abondamment à Lévinas. L'ontologie des modernes, qui égalise être et pensée mais toujours en faveur du savoir, montre aujourd'hui ses limites; il est temps de répandre une culture autre, de gratuité, où la puissance et la force ne jouissent plus du statut de référence unique. «Le secret de la bonté est dans son impuissance» (p. 87, citation de Ikonnikon, dans Vie et destin). Lévinas a approfondi le sens de cette attitude, sans doute ancienne mais dont l'urgence est neuve; aux structures relationnelles de Totalité et infini, il fait suivre, dans Autrement qu'être, celles d'une disproportion radicale. En s'inspirant du «tiers» lévinasien, l'A. propose donc le concept de l'«alliance tiercique». Le Bien étant au delà de l'Être, la liberté est difficile car son acte ne peut être que celui de l'abandon de soi. Le Bien transcende toutes les libertés, mais en les animant en leur racine.
Les deux derniers chapitres de l'ouvrage élaborent enfin quelques catégories propres au personnalisme. L'A. met en évidence le rôle de l'État dont la rationalité s'interpose entre l'individu concret et la société abstraite, mais à la condition que cette rationalité soit de solidarité, respectueuse de la subsidiarité. L'A. propose enfin un paradigme du personnalisme en entrecroisant les trois dynamiques essentielles de la relationnalité, de la rationalité et de la réalité, de ces trois «R» qui, dans la gratuité, redonne sens à nos vies. - P. Gilbert, S.J.

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