Réunis en séminaire à l'Institut catholique de Toulouse en mai
2007, trois psychanalystes et deux théologiens se penchent sur la
personnalité de Thérèse de Lisieux. S'inspirant de Denis Vasse,
Pascale Vidal évoque les rapports de la sainte avec la soeur
désagréable. Elle ne parle pas pour ni parce que mais, transcendée
par l'amour, elle traverse l'apparence que l'autre donne, et elle
va directement au coeur: elle communique de l'intime à l'intime,
sans s'arrêter à ce que l'autre montre ni à quoi elle ressent de
l'autre… cet autre, suggère l'A., est toujours plus grand que ce
que j'en perçois. A partir du modèle de l'«état d'illusion»,
Philippe Guitton évoque, à travers les diverses images maternelles
(Rose, la nourrice; Zélie, la génitrice; Pauline et Marie, deux
soeurs aînées), le travail de sublimation, dû au transfert vers
maman-Jésus, au temps de la puberté, lors de l' «entrée en
mystique» que Thérèse appelé sa «conversion». Jacques Arènes étudie
le «travail du négatif» durant les dix-huit derniers mois de
Thérèse, après l'inauguration de la «petite voie» (1894) et
l'offrande à l'amour miséricordieux (1895): l'ex-abandonnée devient
sujet de son propre abandon, en union avec le grand Abandon du
Christ en croix; elle fait l'«expérience» du vide de l'absence et
du plein de la connaissance de l'absence. Jean Clapier analyse la
résilience spirituelle de Thérèse: son désir de demeurer dans
l'amour; sa confiance en la bonté de Dieu; sa capacité à
«positiver» toute relation humaine; son humour. Cherchant à dégager
l'épistémologie théologique de Mgr. Combes, témoin du «mystère
thérésien», Gilles Berceville étudie l'impact de la lecture que fit
Thérèse, âgée de 14 ans, du livre reproduisant les conférences
(1882) de l'abbé Arminjon qui place sur les lèvres de Dieu
l'exclamation: Maintenant, mon tour! - P.-G.D.