Pour Karl Rahner comme pour Hans Urs von Balthasar, la « Trinité immanente » ne peut être connue que par la « Trinité économique ». Mais les deux théologiens s’opposent sur la transposition économique des rapports trinitaires. Pour Rahner, il importe de garantir la transcendance de Dieu vis-à-vis du monde. Pour Balthasar, Trinité immanente et Trinité économique ne se laissent pas purement et simplement reconduire à une logique abstraite unidimensionnelle. L’expression dans le monde du Dieu d’amour kénotique conduit à reconnaître une « inversion trinitaire » dans l’ordre économique des personnes divines. Suite de la première partie (NRT 144, 2022, p. 105-122).
III Trinité économique et Trinité immanente
L’action salvifique de Jésus-Christ, envoyé par le Père et né de la Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit, révèle le mystère de la Trinité immanente. Le Fils, par qui Dieu nous a parlé en ces jours qui sont les derniers (cf. He 1,2), a divulgué la réalité de sa vie intime. Le Fils « monogène qui est dans le sein du Père » (Jn 1,18), « qui est sorti du Père et est venu dans le monde » (Jn 16,28) a manifesté le mystère de cette vie dans laquelle Dieu, tout en demeurant une absolue unité, est communion du Père et du Fils dans le Saint-Esprit (cf. Mt 11,25-27 ; Lc 10,21-22). Pour Balthasar comme pour Rahner, la Trinité économique offre le seul accès possible à la Trinité immanente. Nous ne connaissons Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qu’à travers le Verbe incarné en qui la Trinité se dévoile…