En rédigeant les deux derniers chapitres des Actes des Apôtres, saint Luc semble avoir pris plaisir à exposer un maximum de paradoxes. Le long voyage maritime, qui conduit Paul de Césarée à Rome, est ainsi l’un des textes les plus précis et détaillés, mais dont l’historicité est pourtant très discutée. Daniel Marguerat estime qu’il s’agit de « la page la plus populaire du livre des Actes », qui « tient le lecteur en haleine1 » ; pourtant, elle n’est jamais lue dans la liturgie catholique latine2. Mais le paradoxe majeur réside dans la figure de Paul : bien que détenu, il assume de facto le leadership de l’expédition.
Ce dernier paradoxe se renforce, lorsque l’on constate que Paul, malgré ce leadership exercé, n’annonce à aucun moment l’Évangile de Jésus-Christ. Si bien que ce voyage dit « de la captivité3 » peut sembler n’être qu’une…